Le monde des symboles, leurs descriptions et interprétations à travers les âges et les civilisations. Dictionnaire évolutif et entièrement gratuit.
Le Gueules correspond au rouge dont il partage la symbolique. Il est représenté en imprimerie par des lignes parallèles verticales. Son étymologie ne fait l’unanimité, mais la plus probable la fait provenir de la racine latine gula désignant le gosier. Francisé en goule puis en gueule, il désigne peu à peu la bouche des animaux [1]. Le terme engoulant en héraldique désigne l’acte d’avaler (ou de régurgiter ?) un personnage ou une autre figure, comme par exemple, sur les armes des Visconti, la guivre (ou vouivre) d’azur ondoyant en pal et engoulant un homme de gueules. Engoulant pourrait être synonyme d’engloutissant.
Couleur du sang, le rouge symbolise la vie et, comme lui, il fascine. Couleur particulièrement voyante, il figure sur plus 79 % des drapeaux nationaux [2]. Couleur de Mars, dieu de la guerre, on le trouve sur les champs de bataille, sur les écus et les bannières, les uniformes. Le rouge s’oppose au noir chez Stendal. Il désigne l’Armée, et le noir, le Clergé. Le rouge symbolise aussi l’âme, le cœur et la passion, la libido [3]. Il est couleur de régénération, de résurrection. De nombreuses sépultures du paléolithique ont révélé des corps saupoudrés d’ocre rouge, preuve d’une croyance de la vie après la mort. En alchimie, le Grand Œuvre passe par les étapes de l’œuvre au noir, de l’œuvre au blanc et, enfin, de l’œuvre au rouge. Le rouge est la couleur de l’aube. Il symbolise le combat entre les ténèbres et la lumière ( v. le symbolisme du coq). Il est aussi la couleur du feu.
Vulson de La Colombière dans La science héroïque, dépeint le Gueules ainsi :
Cette couleur a eu divers noms ; Martial l’a appelée dans ses œuvres Rutile ou Ruffe. Et Ovide l’a nommée Crocée, comme qui dirait d’un rouge safrané. Quelques vieux hérauts l’on nommé bellic, vermillon, couleur de sang et d’écarlate, et rouge. Et le nom de gueules lui a été donné, comme dit Le Feron « pour ce que toutes les bêtes dévorant leur proie ont les gueules sanguinolentes et de rouge exubérantes ». Quelques uns disent que ce nom de gueules vient du mot Gulud, qui en langue hébraïque signifie une plaque de peau rouge, ce que je trouve plus vraisemblable que l’étymologie de quelques uns qui donne le mot latin Cuseulum (qui est la graine avec laquelle on teint en écarlate). Platon dans son Timée dit que le gueules approche des rayons ou flammes de feu, et de l’humeur mixtionnée de sang. (…) On lui fait aussi représenter le Jour du Jugement, pour ce qu’on croit que le monde sera condamné par le feu. Ceux qui portent cette couleur [dans leurs armes] sont obligés de secourir ceux que l’on voudrait oppresser par injustice.[4] |
Correspondances symboliques d’après Vulson de La Colombière
Vertus spirituelles Vertus mondaines Vices Planètes Zodiaque Eléments Complexions de l’homme Pierres précieuses Métaux Arbres Fleurs Oiseaux Jours Mois Age de l’homme | Justice, charité et amour ardent envers Dieu et son prochain Vaillance, fureur, noblesse, hardiesse et magnanimité Cruauté, colère, meurtre, carnage Mars Bélier, Lion, Sagittaire Feu Cholérique Cuivre, laiton ou airain dont on fait la mine rouge Cèdre Pivoine, oeillet, claveline Pélican Le mardi et le samedi Mars et juillet ; selon certains : octobre La virilité |
Notes et références
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[1] Jean-Marie Thiébaud,Le symbolisme des métaux et des couleurs – 1 – de Gueules, Gé-Magazine n° 110, pp. 36-37.
[2] Michel Pastoureau, Traité d’Héraldique, Grands Manuels Picards, Paris, 1979, p. 117.
[3] Jean-Marie Thiébaud,Le symbolisme des métaux et des couleurs – 1 – de Gueules, Gé-Magazine n° 110, pp. 36-37.
[4] Marc de Vulson de la Colombière, La Science héroïque, Paris, 1644, pp. 34-35.